Illuminé
Projet de vidéo projection architecturale réalisé sur le Morrin Center pour commémorer les 200 ans de la Literary and Historical Society of Quebec. Trois artiste visuels et un musicien de Québec on été invité à créer trois tableaux vidéos s'inspirant d'un pan de l'histoire de la LHSQ.
Anne-Marie Bouchard
Je me suis inspirée des premières années de la Literary and historical Society of Quebec (LHSQ) (1824-1870), une époque marquée par le collectionnement, non seulement de livres, mais aussi d’herbiers, d’insectes, d’essences de bois, de minéraux, classés et identifiés pour connaître le monde et mieux le comprendre. Conférences, cartes, dessins et textes étaient rassemblées dans une publication, les Transactions. Cartes des fortifications, analyses des taches solaires ou des sols, identification des oiseaux : les sujets étaient variés. Je propose donc un collage composé de photos d’artefacts issus des collections de la Literary and historical Society of Quebec, fascinée par le foisonnement des détails, la richesse des textures. J’ai mis aussi à contribution mon propre herbier, dans un esprit ludique, pour faire un clin d’œil à ces femmes de 1850, qui herborisaient avec les enfants, disposant avec plus attention que moi les plantes entre deux feuilles de papier pour les sécher en vue de les identifier.
Irina Gonzales
Il s'agit de deux courts métrages inspirés par deux femmes dont l'histoire recoupe celle du Morrin Center et de la Literary and Historical Society of Quebec. J'étais intéressé de savoir quelle avait été la relation des femmes avec ces entités. Alors, dans le livre Étagères et barres de fer, j’ai cherché les passages où l’on parlait des femmes. J'ai découvert que le Collège Morrin était un pionnier en matière d'accès des femmes aux études supérieures au Québec. J'ai donc cherché les poèmes d’Euphemia MacLeod. L'une des premières diplômés du Morrin College en 1889. J’ai pris le poème Moritori Comprecamur (Nous allons mourir). Ce qui nous permet d' entrer dans son univers sensoriel dans lequel nous pouvons identifier la sensualité et la jouissance de la vie, et le chemin vertigineux mais agréable vers la mort comme le calme tant désiré.
Après j'ai trouvé une deuxième artiste, la collectionneuse Mary Hilda Stephens Freeland qui a fait don de sa collection au Centre Morrin en 1991. D'elle, j'ai pris comme matérialité, une collection de jouets des XIXe et XXe siècles, vestiges d'objets fournis aux filles et aux garçons dans leur éducation pour devenir adultes. Dans la collection, nous voyons des jouets d'enfants pauvres et riches, dans lesquels il existe des préjugés de genre et de classe sociale. Dans les deux cas j’ai pu retrouver les matérialités qui m’ont amené à imaginer deux univers oniriques différents. Le monde multi-visité mais toujours fantastique des jouets qui prennent vie et dansent, et quant au poème, la possibilité d'imaginer son propre corps en état de transition vers la mort.
Jimmy G. Pettigrew
Dans ma démarche, j'ai l'habitude de mélanger la réalité à l'imaginaire. À l'instar d'un conteux, j'aime tordre les faits pour en dépeindre un portrait singulier où la vérité et le mensonge ne font qu'un tout, parfois plus honnête qu'on pourrait le croire.
Je suis parti de l'époque "moderne" du Morrin center. Je voulais montrer son identité, mais surtout son importance et son impact sur la notre. Je voulais présenter les combats à la survie de ce lieu, pourtant si important du portrait culturel de la ville de Québec. J'ai décidé de raconter sa nécessité, en le transposant dans un futur où on n'aurait plus accès à cet établissement ou à des lieux comme celui-ci. J'ai décidé de caricaturer un Québec sans ses joyaux culturels pour y imager sans gants blancs leur importance. Je pensais notamment aux employé.e.s des bibliothèques présentement en grève et j'ai ensuite anticipé ce que serait un avenir sans des lieux comme le Morrin center et je vous jure que ça serait pas beau à voir.
Benoit Bordage
Dès l'annonce du projet ILLUMINATED: 200 Years of the LHSQ, j'étais emballé d'y participer. Bien que je travaille depuis plusieurs années sur l'histoire musicale de la ville de Québec, il est plutôt rare de pouvoir s'attarder aux legs de la culture anglophone dans la Vieille Capitale, dont la LHSQ et le Morrin Center sont aujourd'hui les meilleurs représentants. Mon travail de musicien a été de retracer cette histoire en musique en mettant en valeur des pièces et des compositeurs représentatifs de la culture anglophone à Québec et, dans le cas de compositions originales, de saisir l'esprit des influences musicales des anglos-québécois à travers les époques. La trame sonore des projections comprend ainsi des musiques d'origine anglaises, écossaises et irlandaises, des œuvres de compositeurs anglo-québécois, mais aussi des pièces originales qui reflètent les échanges culturels entre francophones et anglophones qui teintent notre histoire musicale commune.
Nous avons aussi réalisé un système d'écriture en direct sur l'annexe de la maison de la littérature.
Réalisation : Louis-Robert Bouchard
Artistes vidéo : Anne-Marie Bouchard, Irina Gonzales, Jimmy G. Pettigrew
Musicien : Benoit Bordage